FORMATION/ALSACE. Plus de 800 Alsaciens ont bénéficié de formations professionnelles franco-allemandes depuis cinq ans.
La Région Alsace, leur cheville ouvrière, a le sentiment de pouvoir faire encore mieux, surtout si l’on compare aux besoins de main d’œuvre de l’autre côté de la frontière.
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Electriciens, installateurs en chauffage, climatisation, sanitaire et énergies renouvelables, soudeurs, cuisiniers…, sont des métiers en tension outre-Rhin.
Ces formations prennent quatre formes principales. « Allemand pro » dispense des cours de langue adaptée au quotidien et au secteur d’activité dans lequel postule le candidat. Il a concerné 320 personnes depuis son lancement il y a trois ans.
De son côté, la formation professionnelle continue a été suivie par 350 personnes depuis les premières offres bâties il y a cinq ans. Il s’agit de parcours, soit en double qualification française et allemande, soit dans un dispositif d’alternance propre à l’Allemagne, le WeGeBAU.
Ils correspondent aux métiers en tension outre-Rhin : électriciens, installateurs chauffage-climatisation-sanitaire-énergies renouvelables, soudeurs, cuisiniers… Le principal acteur côté alsacien en est l’Afpa.
Cinquante autre candidats ont reçu une formation sur-mesure, construite avec des entreprises allemandes recruteuses. Enfin, l’apprentissage franco-allemand a touché 130 jeunes pour l’heure. Le principe consiste à suivre la formation théorique dans un CFA (centre de formation d’apprentis) côté français, puis le stage pratique outre-Rhin, selon un contrat de travail de droit allemand.
Séduisante sur le papier, exemple louable d’aplanissement d’obstacles juridiques, la formule n’a toutefois pas rencontré l’ampleur de succès escomptée. A la signature de la convention-cadre qui en a donné le coup d’envoi en septembre 2013, la Région Alsace espérait atteindre rapidement 1 000 contrats.
Pour la quasi-totalité des formations, un emploi définitif
« On s’aperçoit que les entreprises allemandes préfèrent maîtriser le processus de formation. D’où le besoin pour nous de les associer le plus en amont. Sans nier les difficultés de recrutement en Alsace, nous voudrions former davantage : 200 000 personnes qualifiées manqueront sur le marché du travail dans le Bade-Wurtemberg d’ici à 2030 », expose Martine Calderoli-Lotz, vice-présidente de la Région Alsace pour la formation professionnelle.
« Mais pour cela, nous devons mieux identifier ces entreprises, c’est l’une de nos difficultés. L’autre, c’est de trouver les candidats motivés, mobiles, qui puissent maîtriser la langue. Le dispositif n’est pas assez connu en Alsace même », poursuit Martine Calderoli-Lotz.
Pourtant, la quasi-totalité des formations débouche sur un emploi définitif.
L’une des clés qui peut débloquer consisterait à effectuer tout le cursus en Allemagne : formation théorique et pratique. Les entreprises outre-Rhin ont l’habitude de pratiquer de la sorte.
Le sidérurgiste BSW de Kehl est allé plus loin : pour des candidats alsaciens, son centre de formation intégré « BAG » a instauré, en plus du parcours standard de trois ans et demi, une année préalable pour apprendre ou parfaire l’allemand et commencer à s’immerger dans la culture de l’entreprise.
Alors le centre de formation de l’industriel finance intégralement le reste du cursus, cette première année est prise en charge par les pouvoirs publics : Pôle Emploi, son homologue allemand, la Maison de l’emploi de Strasbourg et la Région Alsace.
Quatre ans et demi de formation
Après une première promotion de six personnes qui a été en demi-teinte, la seconde de huit lancée à l’automne dernier donne pleine satisfactions aux formateurs, à l’industriel… et aux jeunes concernés !
Le chemin sera long : quatre ans et demi au total. Mais s’il se passe bien, le CDI sera au bout. « Cela peut paraître lointain en effet, mais après trois ans de chômage, j’ai appris à être patient ! Là, je sais qu’il y a du boulot », témoigne Yassine.
Côté français, leur CAP d’électricien, leur BEP ou leur bac pro en usinage ou en informatique ne leur ont pas permis de décrocher mieux que de l’intérim. Alors, la perspective d’une embauche ferme fait tilt.
Yoann ne regrette pas d’avoir totalement bifurqué de la voie du bac littéraire, ni Thomas de faire le long trajet tous les jours depuis Seebach, à l’extrémité Nord de l’Alsace. Travailler en Allemagne est une hypothèse qui leur convient.
Plusieurs vivent l’expérience par procuration avec des parents ou proches eux-mêmes travailleurs frontaliers. « On voit que ça fait vivre la famille depuis vingt ans », appuient-ils.
Source : Traces Ecrites du 10/06/15